L'Akakus, c'est un grand massif de grès dissymétrique. Il domine d'une haute falaise la vallée de Gatte et s'abaisse en pente douce vers l'est. Le flanc oriental de l'Akaku s'est profondément entaillé par quelques grandes vallées à fond plat, orientées est-ouest, que l'on peut remonter sur des kilomètres.
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
Les sillons d'une multitude de petits affluents individualisent des blocs épars que les dunes viennent noyer. L'ensemble forme un immense et spectaculaire dédale noir et ocre d'une beauté saisissante. Attaquant les couches les plus tendres, les vents ont érodé le bas des falaises, révélant des grottes ou des abris et sculptés des motifs inattendus, dentels ou pigeonniers selon l'imagination de chacun.
Ces abris recèlent la plus forte concentration de peinture rupestre de l'Akaku qui a été classée par l'UNESCO dans le patrimoine mondial de l'art rupestre préhistorique. Les peintures les plus anciennes remontent à plus de 8000 ans, dans le style des têtes rondes que l'on rencontre dans le Tassili n’Ajjer des Algériens qui jouxte la frontière. Mais c'est durant la période comprise entre moins 6000 et moins 1000 avant Jésus-Christ que ces peintures nous plombent dans un passé préhistorique d'une richesse stupéfiante.
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
Les peintures ont été réalisées au pinceau avec des pigments d'ocre et du kaolin dilués à l'eau contenant parfois des matières organiques. Contrairement au Messac, dont les gravures montrent surtout des animaux, le thème favori des peintures de l'Akakus est la vie quotidienne des humains, dont les parures et les vêtements sont figurés avec un luxe de détails. Dans cette scène, dite du salon de coiffure, les personnages abortent une épaisse mèche de cheveux portée sur l'avant de la tête.
Ces peintures, exécutées au très fin, avec ou sans remplissage de la surface interne, sont propres à l'Akakus et ont été dénommées style des pasteurs de Wanamil, nom de la grotte où elles ont été trouvées. Ici, le salon d'essayage, vêtements transparents d'une élégance certaine qui font penser aux peintures égyptiennes. Le style des pasteurs de Tinanouine se caractérise par des personnages longilignes aux nez proéminents avec une coiffe particulière de plume retenue par un bandeau noué derrière la tête.
Des scènes entières montrent la vie paisible de la communauté et ses multiples occupations. On peut ainsi imaginer ici un orchestre ou une cour d'amour. La vie quotidienne des pasteurs était liée aux bétails, pâches, chèvres, chiens qui sont représentés en abondance avec des robes et des attitudes variées.
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
Mais la vie quotidienne, c'était aussi la chasse et les combats. Si l'on trouve des girafes, des lions et des autruches, ces animaux sauvages sont nettement moins nombreux que sur les gravures du Messac. Par contre, le mouchon à manchettes est très fréquent.
Il était chassé à l'arc avec des chiens. Les scènes de chasse sont figurées avec un sens de l'observation et un rendu du mouvement stupéfiant. Les styles différents montrent que ces chasses et ces combats se sont déroulées sur une très longue période.
Cette scène de taille imposante où sont associés des gens en armes et des troupeaux, est-ce une radzia ou une simple fantasia ? Les chars ateliers de chevaux sont attribués aux garramentes, peuples mal connus qui habitaient la région jusqu'au début de l'ère chrétienne. Le mouvement est suggéré avec une force et une économie de moyens remarquables. Les peintures qui apparaissent les moins élaborées sont les plus récentes, entre autres celles qui figurent des chameaux et des palmiers.
Elles sont souvent en superposition sur des scènes plus anciennes. On peut penser que cette période du début de la désertification était aussi moins favorable à l'expression artistique. Toutefois, c'est en association avec ces peintures que l'on trouve le plus d'inscriptions proches de la langue des Berbères.
On passe donc à la période historique. La progression de l'aridité dans le Sahara a certainement été la cause majeure de la disparition des peintures et des gravures. Il n'en demeure pas moins que cet ensemble d'œuvres artistiques démontre que les hommes et les femmes de cette époque, dans cette région, vivaient dans une civilisation remarquable.
La faible densité de population, l'abondance de gibier et la domestication ont permis une vie en société élaborée qui nous est transmise par cette expression artistique.
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
![]() |
Les pientures rupestres du désert libyen |
.